L'occupation en quelques mots

 

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L'occupation a fourni une part non négligeable de prisonniers : Hommes, femmes et enfants ont été recrutés, de force dans la plupart des cas, et enrôlés dans des bataillons de travailleurs civils ; certains d'entre eux sont venus augmenter les effectifs des camps de prisonniers dans les régions occupées et en Allemagne. Par ailleurs, l'occupant a également, à plusieurs reprises, déporté ces civils en masse, pour diverses raisons.

 

 

La guerre, déclarée le 1er Août 1914, devait être de courte durée, les Allemands se voyaient maîtres de Paris, Nach Paris criait-on dans les rangs, les Français, eux,  songeaient à l'avenir de l'Alsace-Lorraine... 

l'histoire en a décidé autrement, préférant aligner les noms de ceux, tombés au combat, qui avaient vaillamment combattu. Dès le 6 Août 1914, Liège est aux mains des Allemands, le 20 Bruxelles est tombée, le 22 c'est au tour de Charleroi, le 23, Onhaye et Namur, le 24 Août, la retraite de l'armée Française est ordonnée, le 25 débutent les combats autour de Maubeuge, ils se termineront le 7 Septembre, mais les Allemands sont déjà au Cateau (combats du 26) et à Saint-Quentin (combats du 29), le 30, repli général vers la Seine, le 2 Septembre Senlis est attaquée... 

L'attaque Allemande est fulgurante, en un mois, la Belgique et toute une partie de la France (au Nord d'une ligne Verdun, Châlons, Paris, et à l'Est d'une ligne Lille, Paris) sont envahies. Les populations qui n'ont pu fuir vont se retrouver sous le joug d'une autorité despotique, les victimes seront nombreuses, asservies, dépouillées, déportées ; les dégâts matériels tellement importants que le paysage ne sera plus jamais conforme à celui d'avant guerre ; l'esprit des survivants, modifié en profondeur, ne pourra oublier ces 5 années d'occupation. 

Les Allemands s'installent dans les villes et les villages, occupent les maisons bourgeoises, pillent les trésors ancestraux, recensent les populations, hommes, femmes, enfants et vieillards, instaurent une véritable administration de guerre. A leur départ, afin de ne pas laisser à l'ennemi de possibilité de renouveau économique, ils pratiqueront la politique de la terre brûlée ; les ponts et routes sont systématiquement détruits, les maisons, les usines et les ensembles industriels sacagés et incendiés, les puits et les mines sont comblés, par inondation ou versement de tonnes de bêton, les dernières richesses emportées, meubles, tableaux et tout ce qui peut représenter une quelconque valeur.

Comment ne pas imaginer la situation inverse ? Que ce serait-il passé si la France avait été à la place de l'Allemagne ? Peut-on croire que seuls les peuples de l'empire étaient maîtres de l'horreur ? Il ne faut pas oublier que la guerre n'est jamais unilatérale, et que les belligérants appartiennent à deux camps opposés, et tels les animaux, ceux-ci se retrouvent tour à tour dans le rôle de la proie et du prédateur. Les exemples sont malheureusement nombreux, et il serait bon de ne jamais l'oublier.

 

 

La neutralité de la Belgique n'ayant pas été respectée, la frontière du Nord s'est ouverte à l'invasion allemande si rapidement que beaucoup d'habitants de ces régions n'ont pu fuir ou n'ont pas voulu le faire. Ceux-ci ont enduré l'enfer pendant presque 5 années, une enfer progressif, organisé et absolu. Au départ des Allemands, l'enfer semble s'adoucir, mais celui-ci fait alors place à un nouvel enfer, celui de la ruine et du chômage. Pour les habitants du Nord, la guerre n'aura pas duré 5 ans, mais bien plus, et, pour certains, elle ne prendra jamais fin.  

 

 

 

L'installation  

Les Allemands entrent en fanfare dans les villes conquises, au propre, comme au figuré, ils défilent dans les rues, rassemblent les habitants sur les places et infligent aux populations un spectacle qu'ils ne peuvent apprécier. L'heure allemande va désormais remplacer l'heure française, et rythmer le quotidien, heure de lever, heure de coucher, heures passées dans les files d'attente, heure de convocation auprès des autorités...etc Dès les premiers jours, l'envahisseur répand un climat de terreur, les exécutions succèdent aux arrestations, les portes des maisons sont défoncées à coup de pied ou de hache puis incendiées après avoir vérifié qu'elles ne contenaient aucun objet de quelque intérêt, parfois, encore habitées par des personnes terrorisées et cachées dans les caves. Le même scénario se reproduit invariablement à Lille, Maubeuge ou Saint-Quentin. Chaque commune envahie, encore sous le choc des premiers combats, se voit immédiatement investie par une horde de soldats et d'officiers de tous poils ; ceux-ci, vont, pour la plupart, loger chez l'habitant, les officiers élisent domicile dans les demeures les plus agréables, les hommes de troupe délogent les familles pour occuper les meilleures chambres, celles des parents, celles des enfants, celles des grands-parents... Les maisons inoccupées, parfois simplement évacuées provisoirement sont transformées en magasin, en kasino, en lieux de réjouissances pour officiers ou pour soldats. Il faut, toutefois, pour respecter entièrement la réalité des faits, préciser qu'il s'agit de comportements habituels, chaque personnalité étant, fort heureusement, différente, il s'est trouvé des allemands au grand coeur, qui ont tenté tout ce qui était en leur pouvoir pour atténuer les souffrances de leurs hôtes forcés. Il ne faut pas oublier non plus que la plupart des récits qui ont été faits, l'ont été par ces hommes et femmes qui, justement, ne pouvaient trouver de circonstances atténuantes à ceux qu'ils ne pouvaient autrement considérer que comme envahisseurs, quoiqu'ils fassent ; d'autres récits sont venus par la suite, juste après guerre, fortement influencés par les premiers récits des populations envahies, et renforcés par le ressentiment de toute une nation à l'égard d'un peuple qui ne pouvait trouver à leurs yeux aucune grâce.

 

Le recensement  

Une des premières actions de l'envahisseur fut d'effectuer un recensement méthodique et détaillé des populations occupées et de leurs richesses. Ce recensement avait pour but avoué de contrôler les personnes, et par la même occasion, de déterminer leur capacité d'endettement et de production. Dans un premier temps, il importait de maitriser ceux qui auraient dû rejoindre leur unité, et ceux qui seraient bientôt en âge de combattre : ceux-ci ne devaient pas être en mesure de rejoindre ou aider les unités combattantes, ni effectuer une quelconque action de guerre ou de résistance. Le reste de la population serait recensé pour d'autres raisons : il était important pour l'occupant de savoir sur quelle main-d'oeuvre il pouvait compter, de connaitre en détail les qualités de chacun, afin d'utiliser au mieux pour l'effort de guerre, ces travailleurs bon marché. Parallèlement, les richesses privées et communales allaient être également dénombrées avec grand soin, mais l'occupant ne soupçonnera jamais assez les trésors d'imagination que les hommes et les femmes déploieront pour soustraire tout ou partie de leurs biens à cet odieux racket. Des cartes d'identités spéciales étaient, en fonction de leur âge ou de leur sexe, remises aux habitants, grises, bleues ou roses. Chacun devait s'y conformer sous peine d'amende ou d'emprisonnement, voire des deux. Ces documents étaient nécessaires à tous ceux qui souhaitaient se déplacer, puis, lorsque les déplacements furent interdits, d'abord entre les communes, ensuite entre les quartiers, chacun devait la présenter, qu'il soit à l'intérieur de sa maison ou sur le pas de sa porte.

 

Arrêtés et Ordonnances  

Chaque jour, un nouvel arreté venait remplacer ou compléter le précédent ; chaque jour, une nouvelle restriction intervenait, défense de sortir de son domicile après cinq heures du soir, défense de se regrouper, défense d'allumer la lumière, d'ouvrir ses volets, de marcher au milieu de la rue, obligation de saluer les officiers allemands, puis les soldats, obligation de présenter ses papiers d'identité (fournis par l'autorité d'occupation), obligation de se rendre aux convocations...la liste pourrait emplir un livre, tellement elle fut longue, les populations s'habituaient, et s'étonnaient parfois de ce qu'il y eut un jour sans nouvelle demande des allemands. 

 

Les combats  

Certaines zones occupées ne furent sous le feu que très peu de temps, au tout début des combat, puis lors de la retraite des allemands, elles n'en souffrirent pas moins de la destruction, la tactique de la terre brulée fut appliquée partout avec la meme constance ; d'autres zones, furent, elles, constamment sur la ligne de front, et supportèrent les bombardements français et alliés quasi quotidiens durant certaines périodes. De nombreux villages furent ainsi rayés de la surface de la terre.

 

Réquisitions et Perquisitions Les personnes  
Les biens  

Tout est matière à réquisition, l'on commence par les biens de nécessité, telles les provisions de vivres, réserves de grains, animaux, puis les objets de la vie courante, couvertures, lits, matelas, draps, vaisselle..., et pour finir tout ce qui peut rester dans les maisons, les pianos, rampes d'escalier en laiton, robinets... Les maisons sont vidées à de nombreuses reprises, et ce qui ne fut pas trouvé lors des premières fouilles, le sera inévitablement par la suite. Les habitants des zones envahies ou occupées (selon que l'on soit Français ou Allemand) avaient déjà faim et froid, elles vont manquer de surcroit, de lits pour dormir, de vaisselle pour manger, de vêtements pour se vêtir, de poêles et couvertures pour se chauffer, de lampes pour s'éclairer ; la liste des objets qui ont été réquisitionnés, volés ou détruits ressemble plus à une liste à la Prévert qu'à un butin de guerre.

 

Les journaux Officiels  

Plusieurs journaux officiels (-------> soumis bien évidemment à la censure) voient le jour, ils peuvent être localisés, comme "l'Echo de Maubeuge" dans la ville du même nom, ou couvrir une vaste région (toute la zone occupée) telle "La gazette des Ardennes". Ils véhiculent des "informations" destinées à maintenir les populations occupées dans un état de torpeur et d'obéissance, les communiqués officiels concernant les combats étant favorables aux forces de l'entente (Allemagne et alliés), tout comme le font, d'ailleurs, les français de leur côté : chaque victoire est relatée avec force détail des pertes des autres combattants, et chaque défaite est présentée de telle manière qu'elle apparait comme une victoire relative !

 

Clandestins

Plusieurs journaux de ce type ont tenues informées les populations envahies de diverses manières.

  1. A la manière anglaise : Les aviateurs lancent, du haut de leur avion, au dessus de la zone envahie, un panier, dans lequel se trouvent - un journal permettant de diffuser les nouvelles récentes sur les combats, version alliée, - un questionnaire à remplir par l'aprenti espion qui doit être rempli avec soin, - et un pigeon, grâce auquel les nouvelles feront le chemin inverse.

  2. A la manière française ou belge : On crée de toutes pièces un "journal" (simple feuille de papier, parfois réduite à sa plus simple expression), distribué dans les boites à lettre, puis de mains en mains, afin de toucher le plus de personnes possibles. Ce genre d'action extrêment dangereuse mènera certains de leurs auteurs à l'emprisonnement, voire à l'exécution (consulter le paragraphe résistance).

 

Les impôts et rançons

 

Les résistances

 

Les otages

 

Les prisonniers

 

Les déportations et évacuations

Les déportations en Allemagne Voir la page des camps
Les évacuations volontaires  
Les évacuations forcées  

Les exécutions

 

Les destructions

 
Le désespoir

La faim

 

Le froid

 

La mort

 

Le départ

 
La libération  

Les populations envahies n'y croyaient plus, elles ont espéré, chaque jour, au début de la guerre, que celle-ci serait de courte durée -ce que d'ailleurs la plupart des belligérants croyaient- puis, elles ont patiemment attendu la fin de la première année de guerre, pensant que leur calvaire arrivait à son terme, elles ont, par la suite, désespéré à plusieurs reprises et repris courage, songeant que cette guerre finirait bien par s'arreter ; les mois, les années passant, elles finirent par croire que cette situation pourrait s'éterniser pendant plusieurs décénnies, aussi, lorsque les premiers combats libérateurs intervinrent, rapportés par les quelques journaux qui réussirent à passer le front, elles n'osèrent y croire, de peur de subir une désillusion qu'aucun n'aurait pu supporter. Pendant près de cinq ans, elles avaient vécu sous le joug des allemands, et avaient fini par s'y adapter, mais non sans résistance de leur part : la plupart des habitants des régions envahies avaient su développer toutes sortes de techniques de résistance alternativement passive ou active. L'heure du bilan était arrivé, et chacun découvrit petit à petit l'ampleur des dégâts ; il était humain, il était mobilier et immobilier, il était financier, il était moral... Où que le regard se tourne, l'on voyait quelque chose à reconstruire, là, une maison, ici, une famille, ailleurs, une usine ou un champ dévasté, qu'auraient fait ces populations, si elles avaient sû que vingt ans plus tard, leur calvaire recommencerait ?

 

La reconstruction